SUR LE RIVAGE DU MONDE

Après de multiples tentatives pour gagner l’Europe, César, Félou et Érik se retrouvent aujourd’hui à Bamako, déroutés, incertains, mais tentant malgré tout de s’inventer des manières de rêver encore. Amih, quant à elle, comme beaucoup d’autres jeunes femmes africaines, essaie avec une résolution inébranlable d’échapper à l’avenir qu’on lui avait tracé.

Cet endroit vers lequel les a conduit leur périple, ce pourrait être n’importe où, dans un de ces innombrables lieux de transit et de refoulement qui, chaque année, accueillent des milliers d’hommes et de femmes que l’Occident pourchasse et refoule, maintenus à l’écart sur le rivage du monde. Pourtant, dans ces lieux où il s’agit avant tout de survivre, se manifeste une volonté d’ouvrir un espace de liberté. Par le biais de la parole, du théâtre, du chant, de la poésie, quelque chose se construit chaque jour sur les ruines du rêve d’une vie meilleure. Une parole offerte et partagée, pour conjurer l’inéluctable, pour panser les douleurs et la mélancolie de l’attente devant un but indéfiniment fuyant, pour préserver l’espoir. La parole comme ultime arme de résistance brandie contre tout ce qui participe, au nord comme au sud, à vaincre leur pouvoir de résistance.

Ces hommes et ces femmes, dont la guerre économique mondialisée a fait des laissés-pour-contre, n’aspirent qu’à « vivre leur vie ». Leurs rêves sont ceux de tous et leur monde est le nôtre. C’est ce que leur parole échangée, répétée, murmurée, chantée nous dit. Leur parole est politique.

(VISIONNER)

Festivals

Compétition internationale, 28e DOK.fest de Munich, Allemagne (Grand Prix, Compétition internationale)

Compétition officielle, 15e Rencontres internationales du documentaire de Montréal 

Sélection officielle, section State (T)error, 18e Milano Film Festival, Milan, Italie

Sélection officielle, Rencontres cinématographiques de Hergla, Tunisie

Texte critique

« … remettant en question le rapport qui existe traditionnellement entre le spectateur et l’écran, L’Espérance laisse à ses personnages la chance d’interpeler le public, par l’entremise de cette pièce de théâtre où les opprimés s’adressent de vive voix à l’oppresseur. Cette espèce de court-circuit dans la chaine de retransmission de l’information, c’est un grand moment de cinéma politique… »

LA LUTTE TRANQUILLE par Alexandre Fontaine Rousseau, Panorama-cinéma, 10 novembre 2012

Fiche technique

Documentaire, 105 minutes, 2012

Scénario, réalisation, caméra / Sylvain L’Espérance

Montage / Mathieu Bouchard-Malo

Conception sonore / Mélanie Gauthier

Avec la participation de / Boubacar Cissoko, Souleymane Diallo, Erik César Toukov, Ibri Felou, Amih Leila, Eric Epe, Rasmansi,

Adama Bagayogo

Production / Lucie Lambert et Sylvain L’Espérance

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