
La vie d’une famille de pêcheurs du delta intérieur du fleuve Niger au Mali est bouleversée par les effets de la mondialisation : la hausse du prix du pétrole et des denrées de base, la crise de la pêche et les changements climatiques.
Le film est traversé par un questionnement sur les liens de transmission entre les générations, par le rapport à l’histoire et à la mémoire qui est présent dans cette région où persistent les traces du commencement des choses.
Mot du réalisateur
Intérieurs du delta se déploie en deux mouvements complémentaires par lesquels j’ai voulu à la fois approcher l’intimité de la vie d’une famille de pêcheurs qui habitent sur les rives du fleuve Niger au Mali, et saisir comment l’avancée du libéralisme économique bouleverse l’organisation de cette région.
Le film part du constat que posent les pêcheurs et les artisans sur leur situation quotidienne. La place de la parole y est ainsi primordiale et la beauté des métaphores qu’emprunte la langue bambara insuffle une dimension poétique au film.
Le silence habite aussi Intérieurs du delta. Silence que demande l’attention aux gestes du travail, celui qu’impose le recueillement devant l’image du père décédé ou une prière adressée à un ancêtre; silence aussi devant l’effroi que provoque une tempête ou lorsque au terme de chacune des prises de parole il ne reste que l’incertitude de l’avenir.
Mise en scène de la parole et du silence, attention aux gestes du travail, aux métamorphoses du fleuve et de la nature : j’ai voulu donner à voir la part de rêve qui habite les hommes du delta intérieur du fleuve Niger.
Texte critique
« La séquence inaugurale de Intérieurs du delta, après un prologue qui évoque le passage du sommeil au réveil, est magistrale. Elle donne à voir, à écouter, pendant un temps long, et si court à l’aune du grand fleuve qui traverse le paysage, le dialogue entre un pêcheur et un piroguier. C’est toute une réflexion économique qui défile, mêlée de politique et de vies de famille. De grandes et petites histoires. Leur intelligence est lucide, mâtinée d’un humour imparable. Il en va de leur vie matérielle frappé de précarité par les développements de formes globalisées de l’économie. Et il en va tout autant de leurs espoirs de voir leurs enfants s’émanciper de cette condition par des études. » Jean Perret, directeur de Visions du réel, Nyon 2010
Festivals et prix
Compétition officielle, 51e Festival dei Popoli, Florence, Italie – Prix de la meilleure réalisation, Compétition officielle
Compétition officielle, 16e Visions du Réel, Nyon, Suisse
Compétition officielle, 13e Rencontres internationales du documentaire de Montréal
Compétition officielle, 2e festival Filmer le travail, Poitiers, France
Sélection officielle, 30e DOK.fest, Munich, Allemagne
Édition DVD européenne, DOC NET FILMS, France
Fiche technique
Documentaire, 77 minutes, 2009
Production, réalisation, image et prise de son / Sylvain L’Espérance
Montage / René Roberge
Conception sonore / Francine Poirier
Assistant à la réalisation / Becaye Traoré
Interprètes et entrevues / Molia Haïdarra, Bourama Sidibé
Pinassiers et guides sur le fleuve / Molia Haïdarra, Mouta Maïga