
Tourné sur une période de deux ans, Combat au bout de la nuit nous entraîne dans un grand voyage au cœur de la Grèce actuelle. C’est là, dans ce pays précipité dans la tourmente par la domination d’une économie totalitaire, qu’émerge aussi chaque jour un refus obstiné de cette violence. Propulsé par des énergies complémentaires et dissonantes, le film est irrigué par un désir de liberté et par la force rebelle de ceux qu’il fait se rencontrer. Qu’ils soient Athéniens ou réfugiés afghans, soudanais, syriens, femmes de ménage ou travailleurs du port licenciés, médecin bénévole ou sans-abri, tous ces hommes et ces femmes, par leur présence et leurs récits, se répondent et tissent entre eux des filiations inattendues. En accompagnant ceux qui, du lieu où ils luttent, forgent un autre avenir, Combat au bout de la nuit est traversé par l’intuition que dans le chaos du présent, un monde commun aux contours encore indéfinis cherche à naître.
Documentaire, 285 minutes, 2016 ©Les films du tricycle
Textes critiques
« Le cinéaste a gardé (…) l’idée du temps de chaque rencontre. La durée se transforme alors en réflexion en marche ; elle est une pratique de l’accompagnement créant une proximité naturelle et sensible avec les gens ; elle devient une manière de filmer qui tient autant de l’éthique que de l’esthétique. Elle nous dit qu’il y a bien un filmeur, là – pas seulement celui qui tient la caméra, mais celui qui compose les plans –, qui fait corps avec son sujet. Comme si le réalisateur se faisait un devoir d’aider en les filmant ces combattants de la nuit – car c’est ainsi que doivent être nommés Grecs, hommes et femmes, Africains, Syriens, Afghans, jeunes et vieux, qui luttent pour un changement de leurs conditions : ils doivent sortir de cette nuit qui risque de les engloutir totalement. Par exemple, ces plans immobiles de beaux visages ne disent rien d’autre du filmeur : m’attardant sur vous, je vous soutiens. Ce sont des tableaux où le regard (sociologique, politique, etc.) qu’ils postulent au départ se veut intime, intérieur, personnel ; il faut prendre le temps de les contempler. » André Roy 24 images, no 181 (Lire le texte au complet.)
« À la fois culmination d’une démarche documentaire entreprise à la fin des années 1980 et exploration d’un nouveau langage hétéroclite capable de rendre compte des multiples enjeux observés sur le terrain, Combat au bout la nuit affirme haut et fort la nécessité de créer un nouveau type de documentaire affranchi de tout formatage et totalement à l’écoute du monde qu’il observe. » Bruno Dequen 24 images
« De la brutalité d’un reportage tourné dans l’urgence à l’approche méditative propre à ses films précédents, en passant par une déroutante imagerie poétique, Combat au bout de la nuit installe entre le spectateur et chaque participant un puissant dialogue muet. Ainsi, alors que chacun raconte sa petite histoire et offre son point de vue sur l’Histoire, Sylvain L’Espérance prolonge avec insistance les plans, révélant la noblesse de ces dignes combattants de l’injustice sociale, dévoilant la désolation d’une Athènes en faillite. » Manon Dumais Le devoir 10 mars 2017
Sélection dans les festivals
Panorama Berlinale, festival du film de Berlin, 2017 / RIDM, Montréal, 2017 / Festival New Horizon Wroclaw, Pologne, 2017 / Festival TransCinéma, Lima, Pérou, 2017 / Split Film Festival, Split, Croatie, 2017 / Mostra de Sao Paulo, Brésil, 2017 / Festival international de documentaire en Cévennes, 2017 / Festival de Douarnenez, France, 2017
Générique
Réalisation, image et son / Sylvain L’Espérance
Recherche et proposition cinématographique / Sylvain L’Espérance
Collaboration à l’écriture / Marie-Claude Loiselle
Recherche, assistante à la réalisation et interprète / Filio Chatzinakou
Montage / Sylvain L’Espérance
Collaboration au montage / Marie-Claude Loiselle
Conception sonore / Catherine Van Der Donckt
Mixage / Benoît Dame
Narration / Angeliki Kounenidaki
Avec la participation de /
Les femmes de ménage du ministère des Finances / Foteini Nikitara, Evaggelia Alexakis, Despoina Kostopoulo, Georgia Oikonomou, Dimitra Manoli, Anna Poulaki, Anna Chrisikopoulo, Konstantina Petrousi, Manatalena Trianti, Vaso Gova, Anna Maria Zombou
Alexandra Pavlou, à la clinique sociale d’Athènes et au Social Network d’Exarchia, Sipan Rojava, réfugié kurde syrien, Makis Mantas, médecin de la clinique sociale d’Athènes et de la Pedy clinique, Abdallah Marzouk, réfugié à Athènes, Sekou Djabi, ancien berger peul du Niger, Ali-Ramin Alizadeh et les Afghans de Patras, Hamine, algérien de Patras
Au port de Perama / Christos Karagiannakis, Vice maire de Keratsini, Kostas Liakopoulos, docker, Kostas Stefanou, docker, Adreas Volis, docker
Dans la maison de Keratsini / Manolis Baritakis
ainsi que les amis musiciens et chanteurs / Stelios Kalamiotis et les Roms du camp Chalandri
Spyros, marin sans-abri rencontré dans Exarchia
Production et distribution / Les films du tricycle, Sylvain L’Espérance